Konrad Kujau : Le faussaire des carnets d’Hitler (a corriger publier le 26)

 Konrad Kujau, né en 1938 à Löbau, en Allemagne, et décédé en 2000, est resté dans l’histoire comme l’un des faussaires les plus célèbres du XXe siècle. Il est à l'origine d'une des plus grandes escroqueries littéraires et historiques de l'après-guerre : la vente de 50 faux Carnets d’Hitler au magazine allemand Stern en 1983. Cette affaire, qui a secoué le monde des médias et de l’histoire, a révélé non seulement l’audace de Kujau, mais aussi les limites de la crédulité dans la quête d’exclusivités sensationnelles.



L’escroquerie des carnets d’Hitler

Konrad Kujau, faussaire de talent et collectionneur passionné d’objets nazis, s’est fait connaître en fabriquant de faux objets et documents du Troisième Reich. Cependant, c’est la création des soi-disant Carnets d’Hitler qui lui a valu une renommée internationale. Entre 1981 et 1983, Kujau a réussi à convaincre plusieurs collectionneurs, et surtout le prestigieux magazine Stern, qu’il avait découvert des journaux intimes appartenant à Adolf Hitler.

Ces carnets, au nombre de 50, étaient censés être des documents authentiques rédigés par le Führer lui-même entre 1932 et 1945. Kujau les a présentés comme ayant été récupérés après un crash d’avion en 1945, à la fin de la guerre. Le magazine Stern, désireux de publier une exclusivité historique majeure, a déboursé environ 9,3 millions de marks allemands pour acquérir ces documents.

La publication et le scandale

En avril 1983, Stern commence à publier les Carnets d’Hitler, provoquant une véritable onde de choc dans les milieux académiques et médiatiques. Le magazine organise une grande conférence de presse pour annoncer cette découverte. Très vite, d’autres médias internationaux, dont le Sunday Times au Royaume-Uni, s’emparent de l’affaire.

Cependant, la publication des carnets soulève rapidement des doutes parmi les historiens. Certains détails du contenu paraissent suspects, et la qualité même de l’écriture semble trop grossière pour avoir été celle du dictateur nazi. Des analyses approfondies des carnets, notamment une expertise scientifique de l’encre et du papier, révèlent que ces derniers sont des faux grossiers. L’encre utilisée était moderne, bien postérieure à la Seconde Guerre mondiale.

La chute de Kujau

Lorsque la vérité éclate, le scandale est immense. Stern se retrouve au centre d’une tempête médiatique et juridique, ridiculisé pour son manque de prudence et son empressement à publier sans vérifier l’authenticité des documents. Konrad Kujau, quant à lui, est arrêté et poursuivi en justice pour fraude.

En 1984, il est condamné à quatre ans et six mois de prison pour escroquerie. L’affaire des Carnets d’Hitler ternit non seulement la réputation de Stern, mais elle met aussi en lumière les pratiques douteuses des collectionneurs d’objets nazis et les dangers d’une quête aveugle pour des exclusivités historiques sensationnelles.

L’art de la falsification

Malgré le scandale, Kujau est souvent décrit comme un faussaire talentueux, capable de reproduire de nombreux styles d’écriture et de créer des faux objets historiques avec une précision surprenante. Avant même l’affaire des carnets, il avait déjà produit de faux tableaux, documents et souvenirs du Troisième Reich, qu’il vendait à des collectionneurs peu méfiants.

Ironiquement, après sa sortie de prison, Kujau capitalisera sur sa renommée de faussaire. Il poursuivra une carrière artistique en tant que copiste et vendeur d’art, souvent en plaisantant sur ses talents de faussaire. Ses propres œuvres signées "Kujau" devinrent même des objets de collection.

Héritage d’un scandale

L’affaire des Carnets d’Hitler reste l’une des plus grandes supercheries médiatiques du XXe siècle, rappelant les dangers de la crédulité et de l’avidité dans le domaine de la recherche historique. Bien que les carnets aient été rapidement démasqués, leur publication a révélé à quel point la volonté de trouver une "découverte" historique majeure pouvait mener à des dérives.

Konrad Kujau, lui, restera dans les annales comme un maître faussaire, dont l’audace et l'ingéniosité ont trompé l’une des plus grandes publications de l’époque. Si son œuvre principale fut une fraude, elle est aujourd’hui un exemple frappant de l’équilibre fragile entre la quête de vérité et les mensonges bien construits.

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