Versailles, juin 1681. La cour du Roi Soleil est en émoi. Marie Angélique de Scorailles, Duchesse de Fontanges, jeune et resplendissante maîtresse royale, vient de succomber à une mystérieuse maladie. Elle n’avait que 19 ans. Comment une femme, autrefois au sommet de sa gloire, a-t-elle pu périr si jeune ? Cette mort soudaine, dans l’environnement opaque et intrigant de la cour, soulève de nombreuses questions. Était-elle victime d’une maladie fatale ou, comme certains l’insinuent, d’un complot diabolique ?
L’ascension d’une favorite éphémère
Marie Angélique entre à la cour en 1678, encore adolescente, en tant que demoiselle d’honneur de la duchesse d’Orléans. Sa beauté radieuse attire rapidement l’attention de Louis XIV, qui fait d’elle sa maîtresse en 1679, suscitant la jalousie de nombreuses dames de la cour, et surtout de Françoise Athénaïs de Montespan, l’ancienne favorite royale.
Le roi couvre la jeune duchesse de richesses et d’honneurs, faisant d’elle l’une des figures les plus en vue de Versailles. Pourtant, en moins de deux ans, cette gloire fulgurante est brisée par une maladie inattendue. Était-elle simplement victime d’une malédiction tragique de la nature, ou y a-t-il eu des forces plus sombres à l’œuvre dans les coulisses de la cour ?
Un mal mystérieux
En 1680, la Duchesse de Fontanges commence à présenter des symptômes inquiétants. Elle s’affaiblit rapidement, ses cheveux tombent, sa peau devient pâle et livide. Malgré les soins prodigués par les médecins du roi, son état se détériore inexorablement. La rumeur court alors que Marie Angélique aurait été empoisonnée. Mais par qui et pour quel motif ?
La cour de Versailles est un lieu de pouvoir, mais aussi de dangers. Les intrigues, les manipulations, et même l’utilisation du poison, ne sont pas des phénomènes rares dans cette atmosphère où l’on se bat férocement pour les faveurs royales. La mort soudaine de Marie Angélique nourrit ainsi rapidement des soupçons de crime, notamment en raison de la rivalité qui l’opposait à Madame de Montespan.
Le spectre de l’affaire des poisons
En toile de fond, une affaire sordide fait trembler le royaume de France : l’affaire des poisons. De 1677 à 1682, une série d’enquêtes révèle un vaste réseau de sorcières, d’empoisonneuses, et même de membres influents de la cour, accusés de pratiquer la magie noire et d’utiliser des poisons pour éliminer leurs ennemis. Françoise Athénaïs de Montespan, ancienne favorite de Louis XIV, est indirectement liée à cette affaire, car son nom apparaît dans des témoignages troublants. On la soupçonne d’avoir fait appel à des poisons et des rituels pour maintenir l’affection du roi.
Dans ce contexte, la mort de la Duchesse de Fontanges semble suspecte. Est-il possible que Madame de Montespan ait commandité un empoisonnement pour se venger de la nouvelle favorite royale ?
L’hypothèse du poison
La rapidité de la dégradation de la santé de Fontanges alimente cette théorie. Certains de ses symptômes, tels que la chute de cheveux, les vomissements et l’épuisement général, sont caractéristiques d’un empoisonnement lent, selon les connaissances médicales de l’époque.
De plus, l’ascension vertigineuse de Fontanges a fait de nombreux envieux. La cour est un lieu de jalousies et de rivalités. Les courtisans avides de pouvoir n’hésitent pas à éliminer ceux qui se trouvent sur leur chemin, et le poison est une arme idéale : discret, lent et difficile à détecter.
Cependant, aucune preuve formelle ne viendra jamais confirmer cette hypothèse, bien que le spectre du poison plane encore aujourd’hui sur cette affaire. Les contemporains, quant à eux, sont divisés. Certains murmurent que Madame de Montespan aurait pu commanditer cet acte, tandis que d’autres pointent des ennemis anonymes de la duchesse, inquiets de son influence grandissante.
L’explication médicale
Si l’idée du poison est séduisante dans l’atmosphère délétère de Versailles, il existe une autre hypothèse, tout aussi tragique, mais moins spectaculaire. Fontanges pourrait avoir été victime d’une maladie foudroyante. Les descriptions des symptômes de la duchesse — perte de cheveux, amaigrissement, fatigue extrême — suggèrent qu’elle pourrait avoir souffert d’une forme de tuberculose, une maladie extrêmement courante à l’époque, ou même d’une leucémie, bien que cette maladie ne soit pas encore identifiée à ce moment de l’histoire.
Les médecins du roi, bien que les plus compétents de leur époque, sont dépassés par cette maladie mystérieuse. Leur incapacité à sauver la duchesse alimente davantage les spéculations autour d’un acte criminel.
Un mystère non résolu
La mort de la Duchesse de Fontanges restera à jamais enveloppée de mystère. À une époque où les frontières entre science, superstitions et complots étaient floues, il est difficile de déterminer si la jeune femme a succombé à une maladie naturelle ou à un empoisonnement soigneusement orchestré. Les documents de l’époque ne fournissent pas d’éléments concluants, et les versions divergent selon les récits des contemporains.
Pour Louis XIV, la disparition de Marie Angélique fut un coup dur. Bien qu’il ne l’ait jamais officiellement reconnu, il semble qu’il ait ressenti un véritable chagrin à la mort de sa jeune maîtresse. Était-il lui aussi convaincu que sa protégée avait été victime d’un complot de la cour ?
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