Misha Defonseca : L’histoire d’une supercherie littéraire (vraiment ok a lire

 Misha Defonseca, de son vrai nom Monique De Wael, est née en 1937 et restera dans les mémoires comme l’auteure d’une des plus célèbres impostures littéraires contemporaines. En 1997, elle publie un récit prétendument autobiographique intitulé "Survivre avec les loups", qui rencontre un succès phénoménal en France et à l’étranger. Pourtant, derrière cette histoire incroyable se cache une imposture que Defonseca finira par avouer plus de dix ans après la publication de son livre.



Le récit de survivre avec les loups

Dans "Survivre avec les loups", Misha Defonseca raconte l'histoire d'une petite fille juive de huit ans, prénommée Misha, qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, entreprend un périple solitaire à travers l’Europe à la recherche de ses parents déportés. Selon ce récit, elle parcourt près de 3 000 kilomètres à pied, survivant grâce à l'aide inattendue d'une meute de loups qui l’adoptent et la protègent. Ce récit poignant de survie et d'amitié avec les animaux a conquis des milliers de lecteurs à travers le monde, touchés par cette fable héroïque et déchirante.

Le succès de Survivre avec les loups est immense : l’ouvrage se vend à plus de 200 000 exemplaires en France et est traduit dans 18 langues. En 2007, l’histoire est même adaptée au cinéma par la réalisatrice française Vera Belmont, consolidant la place de ce récit dans la culture populaire.

Scepticisme et polémique

Cependant, dès la sortie du film, certains commencent à émettre des doutes sur la véracité de l’histoire. Des historiens et des journalistes soulignent des invraisemblances dans les dates, les faits et les lieux mentionnés dans le livre. En effet, les détails sur la période de l’Holocauste, le comportement des loups, ainsi que la distance parcourue par une fillette de huit ans paraissent trop fantastiques pour être authentiques.

Les contradictions dans le récit suscitent de plus en plus de scepticisme, notamment dans les milieux académiques et parmi les spécialistes de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. L’intensification de ces doutes pousse certains journalistes à enquêter plus en profondeur.

La révélation de la supercherie

Sous la pression croissante des accusations et après des années de polémique, Misha Defonseca finit par avouer, en 2008, que Survivre avec les loups n'est pas une autobiographie mais bien une fiction. Elle révèle alors que non seulement elle n’est pas juive, mais que l’ensemble de l’histoire, y compris le voyage auprès des loups, est une invention.

Monique De Wael, de son vrai nom, explique que son mensonge trouve sa source dans un traumatisme personnel. Ses parents, membres de la résistance belge, ont été arrêtés et exécutés par les nazis alors qu'elle n’était qu’une enfant. Après avoir grandi sans eux, elle aurait créé cette histoire pour exprimer son propre chagrin et son sentiment de déracinement.

Conséquences et débats

L’aveu de la supercherie provoque un véritable séisme dans le monde littéraire. Les lecteurs se sentent trahis, tout comme les éditeurs et producteurs de films. L’adaptation cinématographique, qui avait déjà suscité des critiques pour ses invraisemblances, devient désormais le symbole de cette tromperie. Misha Defonseca est poursuivie en justice, et les droits d’auteur qu’elle avait perçus sur son livre et le film sont remis en question.

Le cas de Misha Defonseca soulève de nombreux débats sur les frontières entre réalité et fiction dans les récits personnels, et sur les responsabilités des auteurs lorsqu’ils prétendent raconter une histoire vraie. Certains estiment que la sincérité émotionnelle de l’auteure, malgré les mensonges factuels, ne doit pas être ignorée, tandis que d’autres condamnent fermement une tromperie qui a exploité l’empathie du public pour des événements historiques tragiques comme la Shoah.

Conclusion

L’histoire de Misha Defonseca, alias Monique De Wael, reste un exemple frappant de la puissance de la narration et de la facilité avec laquelle la frontière entre la réalité et la fiction peut être brouillée. Si Survivre avec les loups a touché un large public en racontant une histoire de survie pendant la Seconde Guerre mondiale, il reste aujourd’hui dans l’histoire littéraire comme une supercherie mémorable. Cette affaire rappelle l’importance de la vérification des faits et de l'éthique dans les récits autobiographiques, en particulier lorsqu’ils touchent à des événements aussi sensibles que l’Holocauste.

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