Entre 1854 et 1870, Vrain-Lucas vend plus de 27 000 documents censés avoir été écrits par des personnages illustres tels que Pythagore, Marie-Madeleine, Galilée s’adressant à Pascal, Alexandre le Grand à Aristote, ou encore Jules César à Vercingétorix et à Cléopâtre. Le faussaire avait même produit des lettres de Lazare à Saint Pierre, le tout rédigé en… français du XIXe siècle. Malgré ces contradictions évidentes - il n’y avait aucune raison pour que ces personnages écrivent des lettres dans une langue qui n’existait pas à leur époque - Vrain-Lucas a su exploiter l’authenticité et la fascination des gens pour les documents anciens.
Michel Chasles, grand collectionneur d’autographes et membre de l’Académie des sciences, fasciné par la richesse de ces trouvailles, débourse une forte somme pour obtenir ces documents inédits. Convaincu de leur authenticité, il en présente quelques-uns à l’Académie, croyant avoir fait une découverte révolutionnaire pour l’histoire et la science.
Le faux n’est révélé qu’en 1867. Les paléographes ont commencé à examiner en détail les documents fournis par Vrain-Lucas. Il s’est avéré que la lettre était un faux écrit de la main du faussaire. Lorsque le faux est découvert, Vrain-Lucas est arrêté en 1869. Il était encore en possession d’un nombre étonnant de fausses « signatures » de personnages célèbres tels que Cicéron, Dante, Judas, Jeanne d’Arc et Ponce Pilate.
En février 1870, Vrain-Lucas est condamné pour falsification à deux ans de prison, une amende de 500 francs et à payer les frais de justice. L’affaire a eu un impact considérable sur l’opinion publique et le monde universitaire, remettant en question la rigueur de la méthode scientifique de l’époque et la facilité avec laquelle les scientifiques pouvaient être trompés.
L’affaire Vrain-Lucas est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus grandes fraudes intellectuelles du XIXe siècle. Elle a non seulement mis en évidence la crédulité de certaines élites assoiffées de découvertes extraordinaires, mais elle a également souligné l’admiration et la valeur attachées aux documents historiques, qu’ils soient authentiques ou non.
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